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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1300

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Quant à l’intention ou préférence, il nous est évident qu’elle n’est absolument ni la volonté ni le jugement, et qu’elle est le jugement et l’appétit réunis, lorsque l’on conclut et que l’on décide un acte, après une délibération préalable. Mais, de plus, comme, lorsqu’on délibère, on délibère toujours en vue de quelque fin qu’on poursuit, et qu’il y a toujours un but sur lequel celui qui délibère a les regards attachés, pour discerner ce qui peut lui être utile, il en résulte, je le répète, que personne ne délibère, à proprement parler, sur la fin. Mais c’est cette fin qui est le principe et l’hypothèse initiale de tout le reste, comme le sont les hypothèses fondamentales dans les sciences de pure théorie. Nous avons déjà dit quelques mots de tout cela au début de cette discussion ; et nous en avons traité avec tout le soin désirable dans les Analytiques. § 23[1]. D’ailleurs, l’examen des moyens qui peuvent conduire au but désiré, peut être fait avec l’habileté que l’art inspire, ou sans habileté ; et, par exemple, si l’on délibère pour savoir si l’on fera ou si l’on ne fera pas la guerre, on peut se montrer plus ou moins habile dans cette délibération. § 24[2]. Le point qui, tout d’abord, méritera le plus d’attention, c’est de savoir en vue de quoi l’on doit agir, c’est-à-dire le pourquoi. Est-ce la

  1. Avec l’habileté que l’art inspire. Observation juste, mais qui importe assez peu au sujet en discussion.
  2. Considérer la fin qu’il veut atteindre. Par une sorte d’intention spontanée de son intelligence.