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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1481

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étrangers à toute noble ambition, à toute générosité. § 12. Les conséquences habituelles de l’illibéralité sont : la dissimulation, qui rapetisse toujours les ressources qu’on a, la dureté du cœur, la petitesse de l’âme, la bassesse sans mesure et sans la moindre dignité, la misanthropie, qui déteste le genre humain. § 13. La petitesse d’âme fait qu’on ne sait supporter, ni les honneurs, ni l’obscurité, ni la bonne fortune, ni la mauvaise ; qu’on est plein d’un sot orgueil au milieu des honneurs ; qu’on s’exalte pour la moindre prospérité ; qu’on ne sait pas supporter le plus léger mécompte de vanité ; qu’on prend le moindre échec pour un désastre et une ruine, qu’on se plaint de tout, et qu’on ne sait rien endurer. L’homme à petite âme appellera du nom d’outrage et d’affront, la plus mince négligence qui sera commise à son égard, et qui ne viendra que d’ignorance ou d’oubli. § 14. La petitesse d’âme est toujours accompagnée de la timidité du langage, de la manie de se plaindre, de la défiance qui n’espère jamais, et de la bassesse qui dégrade les cœurs.


CHAPITRE VIII.
Caractères généraux et conséquences de la vertu et du vice.

§ 1. D’une manière générale, le propre de la vertu, c’est de procurer à l’âme une bonne disposition morale, de lui assurer des mouvements calmes et ordonnés, et par suite, une harmonie parfaite de toutes les parties qui la