Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/163

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retrouver dans un autre monde, il l'oublie à peu près complèteineul dans celui-ci. De là, cet orgueil si éloigné de l'humilité socratique et de la vérité. Le sage ne cherche qu'en lui seul un point d'appui qu'il n'a pas su trouver dans la toute-puissance de Dieu ; et les démentis perpétuels que sa caducité lui inflige, ne le tirent point de la méprise déplorable oii il tombe. Cet idéal, qu'il a trop rabaissé en le pla- çant en lui, le punit cruellement de sa témérité en restant à sou niveau. Le sage a beau faire et s'étour- dir sur ses propres fautes, il les sent; et, comme il en rougit tout en les commettant, il n'a plus qu'à les déclarer indilférentes, puisqu'il ne peut les em- pêcher, ni toutes les prévenir. Il est là sur une pente où le pied lui glissera jusque dans les plus profonds abîmes, et la subtilité qu'atteste sa logique ne lui servira qu'à se pervertir de plus en plus. 11 se dira qu'il peut se couvrir de lous les vices et de tous les crimes, sans que sa pureté en soit altérée en rien ; horrible maxime, que la casuistique la plus corrompue du mysticisme n'a pas dépassée, mais qui se conçoit dans le Stoïcisme ! L'idéal ne peut pas périr; il ne peut pas même être terni ; et puisqu'il n'est que dans l'homme, il faut que les dégradations humaines ne l'atteignent point. Ce paradoxe extravagant est

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