Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PRÉFACE. r.iAwii

minant, c'est la loi morale ; l'objet, c'est le souverain bien. Il va donc analyser le concept du souverain bien, comme il avait analysé ceux du devoir et de la bonne volonté. Mais auparavant, il faut prendre garde à une équivoque qui pourrait donner lieu à des dis- putes inutiles. Le mot « souverain » peut vouloir dire, ou suprême, ou complet. La vertu est le bien suprême; mais elle n'est pas pour cela le bien tout entier, le bien complet ; et pour avoir ce caractère, il faut qu'elle soit accompagnée du bonheur. Le bonheur et la vertu constituent ensemble la possession du souverain bien. La vertu d'ailleurs est toujours supérieure au bonheur, parce qu'elle ne le suppose pas, tandis que le bonheur suppose toujours, comme condition, une conduite moralement bonne. Ainsi, les deux éléments du souverain bien, quoique également indispensables pour le former, sont cependant scien- tifiquement distincts ; et ce serait une très-grande erreur de les croire identiques, comme l'ont l'ail les Épicuriens et les Stoïciens, à des points de vue très- opposés.

Mais ici se présente, à ce que dit Kant, l'antinomie de la raison pratique, c'esl-à-dire une double impos- sibilité. La raison nous fait un devoir de poiu'suivre le souverain bien; et cependant, nous ne pouvons

�� �