Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/23

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PREFACE. Mil

cachés mais tout puissants. D'ailleurs à quoi bou aller observer si loin, quand on a toutes les condi- tions de l'observation en soi-même? Pourquoi de- mander à autrui ce qu'on possède? Pourquoi em- prunter des lumières étrangères, quand on en a de mille fois pins sûres et plus éclatantes?

Mais où Kant se trompe, c'est lorsqu'il repousse la psychologie au même litre qu'il repousse l'empi- risme. A quelle source va-t-il donc puiser, s'il trouve que celle-là n'est point encore assez pure? C'est à la logique qu'il s'adresse, ou à la métaphysique, qui, toutes deux, ne sont vraies que quand elles reposent sur la psychologie et ses fermes données. Ne pas vouloir s'en fier à elle, c'est courir grand risque de s'égarer : et c'est introduire dans la morale quelque chose de ce scepticisme inconsistant, qui, sous cou- leur de critique et de prudence, a mis en pièces les plus chères croyances de la raison humaine. C'est ébranler la raison pratique comme on a ébranlé la raison pure, et Ton ne sort de cet affreux péril qu'au prix des contradictions les plus bizarres et les plus gratuites. Non sans doute ; la morale ne peut s'en rapporter aux exemples d'un monde oiielle est violée trop souvent. Mais elle aurait tort de s'en rappor- ter à une dialectique qui peut varier d'un individu à

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