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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/426

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MORALE À NICOMAQUE.

et qu’on ne peut enlever que très-difficilement à l’homme qui le possède. J’ajoute que souvent l’on ne paraît poursuivre la gloire que pour se confirmer soi-même dans l’idée qu’on a de sa propre vertu ; on cherche à captiver l’estime des gens sages et du monde dont on est connu, parce qu’on la regarde comme un juste hommage au mérite qu’on se suppose. § 13. J’en conclus qu’aux yeux même des hommes qui se conduisent par ces motifs, la vertu a la prééminence sur la gloire qu’il recherchent. On pourrait donc croire aisément que la vertu est la véritable fin de l’homme plutôt que la vie politique. Mais la vertu elle-même est évidemment trop incomplète, quand elle est seule ; car il ne serait pas impossible que la vie d’un homme plein de vertu ne fût qu’un long sommeil et une perpétuelle inaction. Il se pourrait même encore qu’un tel homme souffrît les plus vives douleurs et les plus grandes infortunes ; or, jamais à moins qu’on n’ait une thèse toute personnelle à défendre, on ne pourrait soutenir que l’homme qui vivrait ainsi fût heureux.

Mais c’en est assez sur ce sujet dont nous avons amplement parlé dans nos ouvrages Encycliques.