Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/48

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xxxMii PKÉFACE.

fausses théories. On doit les flétrir sans pitié et on faire ressortir Terreur pour les rendre moins dange- reuses ; on doit les traîner devant le tribunal incor- ruptible de la conscience et les y condamner sans appel. Or, à côté de la théorie du bien, seul devois de l'homme, il n'y a qu'une autre solution possible : c'est la théorie de l'intérêt, ai'ec les replis et les dédales où elle se diversifie et s'égare. L'intérêt peut se présenter sous plusieurs formes : d'abord assez grossier, et c'est alors la fortune, avec tous les biens secondaires qui la constituent ; puis un peu plus raffiné, sous l'aspect du plaisir, avec ses séductions et ses attraits trop souvent irrésistibles ; et enfin, moins déterminé et plus acceptable, sous le spécieux prétexte du bonheur.

La loi morale, et par conséquent aussi la science, doit repousser et combattre l'intérêt, sous quelque masque qu'il se dissimule; fortune, plaisir, bonheur même, elle ne peut accepter aucun de ces mobiles pour la conduite de l'homme. Ce sont eux, sans doute, qui le gouvernent le plus fréquemment dans la réalité ; et l'on peut même accorder que, dans une certaine mesure, il est bon qu'ils le gouvernent. Mais pas un d'eux n'a le droit de prétendre à l'efu- pire, ni de se subsîiluer [)ar une usurpation men-

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