Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/49

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PREFACE. \x\i\

leusc à l'exclusive souveraineté du bien. La loi morale, que les cœurs ignorants ou faibles se repré- sentent sous des couleurs si sévères, afiu de lu mieux éluder, n'interdit à l'homme ni la richesse, fruit ordinaire et mérité de son labeur, ni le plaisir, besoin de sa nature, ni le bonheur, tendance spon- tanée et constante de tous ses efforts. Mais elle lui dit, sans qu'il puisse se méprendre à la sagesse obli- gatoire de ces conseils, qu'il doit dans certains cas, assez rares d'ailleurs, sacrifier au bien fortune, plaisirs, bonheur, vie même ; et que s'il ne sait pas accomplir ce sacrifice, ce sont des idoles qu'il adore, et non le vrai Dieu, Ces immolations, toutes rares qu'elles sont, sulfisenl à qui sait les comprendre pour révéler dans sa splendeur suprême la loi du bien ; et puisque c'est précisément dans les ren- contres les plus grandes et les plus solennelles que le bien l'emporte, c'est que le bien est le maître véritable de l'homme, et que tous les autres mobiles, issus à différents degrés de l'intérêt, fortune, plaisir, bonheur, ne sont que ses tyrans.

11 n'y^ a donc point d'excuses dans la science morale j)our ces théories relâchées, toutes sédui- santes qu'elles peuvent être, qui mettent l'intérêt au- dessus du bien. Il ne doit point y en avoir davantage

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