Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/571

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LIVRE lîl, CH. IX, § !«• û^

vu à Hermœum : les citoyens ont eu honte de fuir, et la mort leur a paru préférable à un salut payé de leur hon- neur. i\Iais les soldats se présentèrent dès l'abord au danger avec l'assurance d'être les plus forts; et quand ils s'aperçurent qu'il n'en était rien, ils se débandèrent au plus vite, redoutant la mort plus que la honte. Or ce n'est pas là ce que fait l'homme de courage.

§ 10. Parfois encore on prend pour da courage la co- lère que l'on confond avec lui ; on prend pour des hommes courageux des gens qu'elle seule anime , comme elle emporte les bêtes féroces, quand elles se jettent sur ceux qui les blessent. Si l'on se méprend à ce sujet, c'est qu'en effet les gens de courage sont aussi très-faciles à la colère, et qu'il n'y a rien de tel que le courroux pour faire braver les dangers. De là vient qu'Homère a dit :

« La colère qu'il sent a redoublé ses forces. » ou bien :

« Il réveille en son sein sa force et sa colère. »

ou bien encore :

« Une vive colère a gonflé ses narines....

)) Et son sang agité bouillonnait en son co^ur. »

��iTiille exemples de ce genre. — Her- qu'il n'en était rien. EiisU-ale, d'après

mœurn. Lieu de la Béotie, dans la ville Ephore et d'autres historiens, attri-

de Coronée. Les soldats Béotiens là- bue la fuite des soldats Béotiens à

chèrent pied; et les citoyens de relTroi qui les prit, quand ils se virent

Coronée, qui avaient fermé les portes sans chefs.

de leur ville pour ne pouvoir pas y § 10. La colère qu'il seul. Iliade,

rentrer en fuyant, résistèrent avec chant XVL v. 529. — Il réveille en

courage et se firent tuer jusqu'au son sein. Odyssée, chant XXIV, v.

dernier. Voir le commentaire d'Eus- 318. — Urie vive colère, id. ibid. —

trate. — Quand ils s'aperçurent Et son sang agité. Ce vers ne se

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