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52 MORALE A NICOMAQUE.

parce qu'il est beau de supporter le péril, et que ce serait une honte de ne pas le faire. § 15. Voilà aussi pourquoi l'on trouve qu'il y a plus de vrai courage à conserver son intrépidité et son calme dans les dangers subits, que dans les dangers prévus longtemps à l'avance. Car l'intrépi- dité semble tenir alors davantage au caractère habituel, et venir beaucoup moins de la réflexion, qu'on a eu le temps de préparer. Les dangers qu'on a prévus, on peut les accepter par des considérations diverses, et au nom de la raison; mais c'est l'habitude antérieurement acquise qui seule nous détermine dans le^s dangers imprévus et soudains.

g 16. Enfin, il suffit parfois d'ignorer le danger pour paraître courageux. Ceux qui ne puisent leur feimeté que dans cette ignorance, ne diffèrent pas beaucoup de ceux qui n'ont de courage que grâce à l'espoir du succès. Mais ils ont encore moins de mérite, parce qu'ils n'ont aucun respect d'eux-mêmes, tandis que les autres en ont un assez grand. Ces derniers, au moins, tiennent ferme quel- ques instants ; mais les autres, dès qu'ils voyent qu'ils se sont trompés, et que les choses sont tout autres qu'ils ne le croyaient, se hâtent de fuir. C'est ce qui ne manqua

��Dans le chapitre précédent. — Parce niire espèce du courage, qui ne vient

qu'il est beau. Même remarque que que de l'ignorance. — Aucun respect

plus haut. d'eux-mêmes. Je crois que c'est la

§ 15, Dans les dangers subits, vraie pensée d'Aristote ; l'expression Explication Irès-ingénieuse d'un fait dont il se sert a donné lieu ù beau- incontestable. C'est là ce qui fait coup d'interprétations diverses. — qu'on admire tant le courage de Fa- Aux Argicns. Xénophon, Histoire bricius, qui ne s'émeut pas à la vue grecque, livre IV, ch. i, page 397, soudaine de l'éléphant de Pyrrhus. éd. de Finnin Didot, raconte ce fait

S 16. Enfin... Cinquième et der- avec quelques détails.

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