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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/58

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ment ; et comme dans la morale, même quand elle n’est que scientifique, la pratique doit avoir une grande part, c’est un bonheur merveilleux pour l’esprit humain qu’un écrivain comme Platon ait eu à reproduire un personnage tel que Socrate. Ce n’est pas seulement une théorie qu’il expose ; c’est une réelle histoire qu’il raconte ; c’est comme un systèmes vivant, et ses leçons ont cet inappréciable avantage d’avoir été pratiquées par celui qui les donne. Elles sont sublimes et simples ; et les préceptes n’ont rien d’impossible, puisque celui qui les recommande les a lui-même appliqués, au prix de sa vie. Ce serait donc diminuer réciproquement Socrate et Platon que de les isoler ; et il vaut mieux ne pas plus les séparer dans l’exposé de leur morale, que nous ne les séparons dans notre culte.

Comme Platon n’a point adopté une forme didactique pour présenter ses doctrines, et qu’il a préféré à la rigueur de la science la liberté et la grâce dramatique du dialogue, on est forcé, en rappelant ses théories, de prendre un ordre arbitraire. Le cadre que je choisirai est le même que j’ai suivi plus haut pour résumer les principales vérités de la science morale. Cet ordre a d’autant moins d’inconvénients avec Platon, que c’est lui qui, le premier, en faisant