Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/681

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LIVRE V, CH. V, § 16. 159

on voit aussi que l'équité personnelle, la pratique person- nelle de la justice est un milieu entre uue injustice com- mise et une injustice soufferte. D'une part, on a plus qu'on ne doit avoir ; de l'autre, on a moins. Mais si la justice est un milieu, ce n'est pas comme les vertus pré- cédentes : c'est parce qu'elle tient la place du milieu, tandis que l'injustice est aux deux extrêmes. § 15. La justice est la vertu qui fait qu'on appelle juste un homme qui, dans saconduite, pratique le juste par une libre préfé- rence de sa raison, et qui sait également le répartir et à lui-même à l'égard d' autrui, et entre d'autres personnes ; qui sait agir, non pas de manière à se donner plus à lui- même et moins à son voisin, si la chose est utile, et tout à l'inverse, si elle est mauvaise; mais qui sait assurer de lui à autrui l'égalité proportionnelle, comme il l'assu- rerait, s'il avait, à prononcer dans les discussions des autres,

§ 16. Quant à l'injustice, elle est précisément le con- traire de tout cela relativement à l'injuste. L'injuste est tout à la fois l'excès en plus, et le défaut en moins, dans tout ce qui peut être utile ou nuisible ; et jamais il ne tient le moindre compte de la proportion. Par suite, l'in- justice est tout ensemble et un excès et un défaut, parce qu'elle est sans cesse ou dans l'excès ou dans le défaut, relativement à l'individu lui-même ; car si la chose est bonne, l'homme injuste s'en attribue une part énorme et pèche par excès ; quand elle est nuisible, il pèche par

��S 15. L'injustice est aux deux entr'eux. Ainsi, Aristote lui-même extrômes. Taudis que pour les autres montre un défaut de sa théorie géné- vertus, les extrêmes étaient contraires raie sur la vertu.

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