Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/764

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2/42 MORALE A NIGOMAQUE.

g 5. Ainsi, il est admis que la tempérance qui se maî- trise et la fermeté qui sait tout supporter, sont incontes- tablement des qualités bonnes et dignes d'estime. L'in- tempérance et la mollesse, au contraire, sont des qualités mauvaises et blâmables. Pour tout le monde encore, l'homme tempérant qui se domine est en même temps l'homme qui se tient constamment dans la raison, tandis que l'intempérant est aussi l'homme qui sort de la raison en la méconnaissant. L'intempérant se laisse emporter par sa passion, tout en sachant que ce qu'il fait est cou- pable; l'homme tempérant, au contraire, qui sait que les désirs dont est assiégé son cœur sont mauvais, se défend d'y céder, grâce à la raison. On regarde encore l'homme sage comme tempérant et ferme. Mais ici l'on cesse d'être d'accord; et si les uns reconnaissent l'homme ferme et tempérant pour complètement sage, 'il en est d'autres qui ne sont pas de cet avis. De même, si les uns appellent indifféremment le débauché intempérant, et l'intempérant, débauché, il en est d'autres qui trouvent entre ces deux caractères une certaine dissemblance. § 6. Quant à la prudence, parfois, on dit qu'elle est incompatible avec l'intempérance; et parfois, on admet qu'il est possible que des gens prudents et habiles se laissent aller à l'in- tempérance. Enfin, ce mot d'intempérants peut s'étendre

��S '5. Qui se maîtrise... qui sait avant la faute ; l'intempérant au coii-

lout supporter. Paraphrases des mots traire sent qu'il fait mal, et il résiste

(lu texte. — L'oti cesse d'être à'ac- autant qu'il peut. cord. Ce dissentiment porte sur une § 6. Quant d la prudence. Autre

nuance bien subtile. — Une certaine question assez subtile, et qui ne mé-

dissemblance. C'est que dans le dé- ritait peut-être pas d'êlre discutée

bauché, il n'y a point de lutte morale avec autant d'étendue.

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