Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/768

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violents et mauvais, contre lesquels on lutte, il s’en suit que l’homme digne du nom de sage ne saurait être tempérant, non plus que le tempérant ne saurait être sage. Ainsi, il n’est pas d’un sage de ressentir des passions violentes ni des passions mauvaises. Pourtant, c’est là une condition nécessaire ; car si ces passions sont bonnes , la disposition morale qui empêche de les suivre est mauvaise ; et par conséquent, on pourrait dire que la tempérance n’est pas louable dans tous les cas sans exception. D’autre part, si les passions sont faibles et ne sont pas mauvaises, il n’y a rien de bien beau à les vaincre, pas plus que, si elles sont mauvaises et faibles, il n’y a rien de bien fort à les surmonter. § 7. Si la tempérance ou domination de soi fait qu’on demeure inébranlable dans toute opinion qu’on a une fois arrêtée en son esprit, cette qualité devient mauvaise, si, par exemple, elle nous fait tenir même à une opinion fausse ; et réciproquement, si l’intempérance nous fait toujours sortir de la résolution que nous avions prise, il pourra se rencontrer parfois une louable intempérance. Par exemple, c’est là, dans le Philoctète de Sophocle, la position de Néoptolème; et il faut le louer de ne pas s’en tenir à la résolution qu’Ulysse lui avait inspirée, parce que le mensonge lui fait troj) de peine. § 8. Il y a plus; le raisonnement sophistique,

§ 6. L’homme digne du nom de lème. Voir le Philoctète de Sophocle,

sage. Objection qu’on peut trouver vers 965, page 203 de l’éd. de Firmin

bien subtile, pour prouver que le Didot.

sage n’a pas besoin d’être et n’est pas S 8. Le raisonnement sophis-

tempérant. tique. Celte pensée ne se rattache

§ 7. Si ta tempérance... Autres pas directement à ce qui précède, et

subtilités. — La position de Néopto- elle reste obscure. Aristote veut dire