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274 MORALE A NICOMAQUE.

giier, avons-nous dit, ceux qui sont nécessaires et ceux qu> ne le sont pas, ou qui du moins ne le sont qu'à un certain point. Mais les excès ne sont pas nécessaires non plus que les abstinences, et l'on peut en dire autant pour les désirs et pour les peines que l'homme éprouve. Celui donc qui se livre aux excès dans les plaisirs, ou qui poursuit les plaisirs avec excès par une libre détermination, et seule- ment pour eux-mêmes et non en vue d'un autre résultat, celui-là est vraiment débauché et dissolu. Par une suite nécessaire de son caractère, un tel homme ne se repentira jamais; et par conséquent, il est inguérissable. L'homme au contraire qui s'abstient et se prive trop obstinément du plaisir, est l'opposé de celui-là; et entre les deux, ce- lui qui tient un juste milieu est sage et sobre. On peut faire la même remarque relativement à celui qui fuit les souffrances du corps, non pas parce qu'il est hors d'état de les endurer, mais parce qu'il veut les éviter de propos délibéré. § 3. Parmi ceux qui agissent en ceci sans volonté réfléchie, on peut distinguer l'homme qui est entraîné par le plaisir, et l'homme qui le recherche pour se soustraire à la douleur que ses désirs lui causent ; et l'on doit faire entr'eux une assez grande différence. Tout le monde trouverait plus blâmable celui qui, sans

��ireinte dans ces limites est très-juste. d'Aristote; au contraire, les débau-

§ 2. Avons-nous dit. Voir plus chés savent clairement ce qu'ils font

haut, ch. i, § 2. — Débauché et et méditent leur satisfaction. Aristote

dissolu. Et non point intempérant, reconnaît donc deux nuances parmi

parce que Tintempérant, tout en ce- les intempérants eux-mêmes : ceux

dant à sa passion, la combat encore qui n'ont que de faibles désirs et se

et peut la vaincre par conséquent. laissent cependant entraîner au plai-

§ 3. Sans volonté réfléchie. Ce sir, et ceux qui ont des désirs fou-

sont Us intempérants, selon la théorie gueux qu'ils ne peuvent dominer. —

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