Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/805

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LIVRE Vil, CH. IX, § h. 283

esprits qui ne se laissent persuader que difficilement et dont on ne peut qu'à grand'peiue changer les convictions. Ce caractère a bien quelques traits de ressemblance avec celui de l'homme tempérant, qui est toujours maître de lui, comme le prodigue a du rapport avec le libéral, et le téméraire, avec le courageux. Mais ils diffèrent pourtant à bien des égards. L'un, et c'est le tempérant, ne se laisse pas aller à changer d'avis sous la seule influence de la passion ou du désir. Mais s'il y a lieu de le faire dans l'occasion, l'homme tempérant, qui sait se dominer, ne demande pas mieux que de changer d'opinion. L'autre au contraire, et c'est l'entêté, ne se laisse pas gagner par la raison,, parce que souvent les entêtés ne sont préoc- cupés que de leurs désirs, et ne sont conduits que par les opinions qui leur plaisent. § k. En général, les entêtés sont les gens prévenus de quelqu' opinion personnelle, les ignorants, et les gens grossiers. On tient à sa propre opinion par les liens du plaisir et de la peine ; on est tout joyeux de son triomphe, quand les arguments d' autrui ne parviennent pas à vous faire changer de sentiment ; et l'on est tout peiné si votre avis est rejeté, comme les décrets qui ne sont pas sanctionnés par le peuple. Aussi, les gens entêtés ont-ils plus de rapport avec l'intempé- rant qui ne se sait dominer, qu'avec le tempérant qui est toujours maître de lui-même. Il y a des cas où l'on peut renoncer à la pensée qu'on avait eue d'abord, sans que ce soit l'effet d'une faiblesse et d'une intempérance qui fait

��n'ai pu trouver de mot plus exact tempérance pour qu'il y ail lieu de

pour rendre celui dont se ^ert Aris- les comparer. Le portrait de l'entêté

lote. Mais il n'y a point assez de res- est d'ailleurs très-lidèle, tel que le

scmhlunce entre l'enlêtement et la représente ici Aristoie.

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