Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/827

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LIVRE VII. CH. XIII, g 0. 305

ceux qui ne sauraient en apprécier d'autres; et c'est, on peut dire, se préparer à l'avance des soifs insatiables. Quand ces plaisirs n'ont pas des conséquences fâcheuses, on n'est pas blâmable de les prendre ; mais s'ils deviennent nuisibles, c'est un tort de les pousser aussi loin; et ce qui l'explique, c'est que ceux qui s'y abandonnent n'ont point d'autres jouissances à se donner. Quant à cet état neutre qui n'est ni le plaisir ni la peine, il devient naturel- lement bientôt pour la plupart des hommes un état réel de souflrance ; car l'être animé se fatigue sans cesse, comme le prouve de reste l'étude de la nature, et l'on y démontre que même la simple sensation de voir et d'entendre est une fatigue, que l'habitude seule, comme on l'a dit, nous rend supportable. § 6. Le développement et la croissance du corps durant la jeunesse nous mettent dans un état assez voisin de celui où sont les gens ivres ; et la jeunesse pour- tant est pleine de bonheur et de plaisir. IMais les hommes qui sont d'une nature mélancolique, ont toujours, par leur organisation même, besoin de remèdes qui les guérissent. Leur corps est continuellement rongé par l'âcreté de leur constitution ; ils sont toujours dans la plus violente exci- tation : et pour eux, le plaisir chasse la douleur, qu'il y

��d'autres que ceux-là — Des soifs motif qui fait qu'on prend si vive-

insatiables. J'ai ajouté ce dernier ment les plaisirs du corps ; mais ce

mot qui complète la pensée. Aris- nouvel argument n'est pas non plus

tote veut dire que les plaisirs du assez développé. — Mais les hommes,

corps ne peuvent jamais satisfaire Digression qui ne laisse pas achever

pleinement ceux qui les goûtent. — la pensée. ■ — Chasse la douleur.

Comme on l'a dit. 11 serait diflicile Ceci semble une répétition de ce qui

de dire précisément à qui s'adresse a été dit un peu plus haut, au début

celte vague indication. de cette discussion. Cette observation

§ f). Durant la jeunesse. Antre est d'ailleurs profondément vraie.

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