Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/840

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

318 MORALE A NICOMAQLE.

S'ils aiment -les gens de mœurs aussi faciles, ce n'est pas à cause du caractère même de ces gens; mais c'est uni- quement à cause des plaisirs que ces personnes leur pro- curent, g 2. Par conséquent, quand on aime par intérêt, et pour l'utilité, on ne recherche au fond que son bien personnel. Quand on aime par le motif du plaisir, on ne recherche réellement que ce plaisir même. Des deux sens, on n'aime pas celui qu'on aime pour ce qu'il est réel- lement; on l'aime simplement en tant qu'il est utile et agréable. Ces amitiés-Là ne sont donc que des amitiés indirectes et accidentelles ; car ce n'est pas parce que l'homme aimé est doué de telles qualités qu'on l'aime, quelles que soient d'ailleurs ces qualités ; on ne l'aime que pour le profit qu'il procure, ici, de quelque bien que l'on convoite, et là, du plaisir qu'on veut goûter.

§ 3. Les amitiés de ce genre se rompent très-aisément, parce que ces amis prétendus ne demeurent pas long- temps semblables à eux-mêmes. Du moment que ces amis là ne sont plus ni utiles ni agréables, on cesse bien vite de les aimer. L'utile, l'intérêt n'a rien de fixe ; et il varie d'un moment à l'autre de la façon la plus complète. Le motif qui les rendait amis venant à disparaître, l'amitié disparaît aussi rapidement, avec la seule cause qui l'avait formée.

��été dit dans le chapitre précédent, sont pas de véritables amitiés; ce

§ 2. Indirectes et accidentelles. Le sont plutôt des liaisons. — l/intcrft

texte n'a qu'un seul mot au lieu de n'a rien de fixe. Observ;ttion pleine

deux. de justesse, dont on a fait depuis Aris-

§ 3. Les amitiés de ce genre se tote bien souvent usage pour réfuter

rompent très-aiscvicnt. Ce sont les la morale de Tintérêt. On voit qu'il

plus ordinaires. Mais au fond ce ne la "répudie énergiquement.

�� �