Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/86

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iwM PREFACE.

do la passion est iiicouleslable : et comme le philo- sophe doit aimei' la vérité plus encore qu'il n'est philanthrope, il faut qvC'û confesse, bien qu'à regret, celte dégradation trop réelle de la nature humaine. Ce n'est pas un faux calcul qui préfère, comme le croit Socrate, !e plaisir actuel à des douleurs futures beaucoup plus grandes; ce n'est pas une ignorance de la nature des choses ; c'est une perversité qui préfère le mal au bien, tout en les connaissant l'un et l'autre dans leur valeur diverse. Le méchant n'ignore point ce qu'il fait; il se complaît, au con- traire, dans le vice auquel il se livre. Il sent bien qu'il se perd; mais il court à sa perle, tout en la déplorant. C'est même cette défaite de sa raison qui constilue sa faute ; car, s'il ignorait ce qu'il fait, il ne serait ni coupable, ni responsable devant les hommes ni devant Dieu. Ainsi, à ce premier point de vue, la vertu et la science ne sont pas identiques. On peut savoir et ne pas faire ; on peut faire le contraire de ce que l'on sait. Puis, n'esl-il pas dangereux de donner à croire qu'en cette vie savoir c'est agir, que penser c'est faire, et qu'il suffit de la théorie sans la pratique pour constituer la vertu parfaite ? Si la vertu est en effet la science, l'homme doit se borner a savoir pour èlrc vertueux ; sa vie morale se réduit

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