LIVRE VIII, CH. XII, § h. 355
avec plus de tendresse. § 3. Ainsi, les parents aiment leurs enfants comme eux-mêrnes. Les êtres qui sortent d'eux sont en quelque sorte d'antres eux-mêmes, dont l'existence est détachée de la leur. Mais les enfants n'aiment leurs parents que comme étant issus d'eux.
Les frères s'aiment entr'êux, parce que la nature les a fait naître des mêmes parents. Leur parité relativement aux parents de qui ils tiennent le jour, est cause de la parité d'affection qui se manifeste entr'êux. Aussi dit-on qu'ils sont le même sang, la même souche, et autres expressions analogues ; et, de fait, ils sont en quelque sorte la même et identique substance, bien que dans des êtres séparés. § A. Du reste, la communauté d'éducation et la conformité de l'âge contribuent beaucoup à développer l'amitié qui les unit.
« On se plait aisément, quand on est du même âge. »
Et quand on a les mêmes penchants, on n'a pas de peine à devenir camarades.Voilà pourquoi l'amitié fraternelle res-
��vois pas qu'on ait jamais expliqué nité. Il eût été digne d'Aristote d'éta-
d'une manière plus solide les affec- blir ce grand principe que tous les
lions de fami'le. hommes sont « la même et iden-
§ 3. Les enfants n'aiment leurs tique substance », et qu'ils sont tous
parents. On a dit mille fois et avec frères. Cette noble croyance était
toute raison que l'affection descend réservée au Stoïcisme et à la religion
bien plutôt qu'elle ne remonte; du Christ.
c'est une loi de la nature ou plutôt § i. La communauté d'éduca-
de la providence. — La parité d'af- tion. Ce lien est beaucoup plus puis-
fcction. Le texte est un peu moins sant que le lien du sang proprement
précis. — La même et identique sub- dit. — On se plait aisément... Voir
stance. Il y avait bien peu à faire la même sentence à peu près dans les
pour étendre ces idées, et pour les mêmes tei-mes, Morale à Eudème,
transporter de la famille à l'huma- livre VII, ch. 2, § 53,
�� �