Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/903

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE IX, CH. III, § 5. 381

plus de soin encore qu'à réparer leur fortune, en proportion même que c'est un service à la fois plus noble et plus digne delà véritable amitié. Dans ce- cas, on n'a pas tort de rompre; car ce n'était pas de cet homme qu'on s'était fait l'ami; et du moment qu'il est si complètement changé, et qu'on est hors d'état de le sauver en le ramenant, on n'a plus rien à faire qu'à s'éloigner de lui.

§ /[. Supposez encore un autre cas. L'un des deux amis demeure ce qu'il était, et l'autre, devenant plus distingué moralement, en arrive à l'emporter de beaucoup en vertu. Celui-ci doit-il continuer son amitié? Ou bien, est-ce une chose impossible? La difficulté devient parfaitement évi- dente, quand la distance entre les deux amis est fort grande, comme il arrive dans les amitiés contractées dès l'enfance. Si l'un demeure enfant par la raison, quand l'autre devient un homme plein de force et de capacité, comment pourraient-ils rester amis, puisqu'ils ne se plai- sent plus aux mêmes objets, et qu'ils n'ont plus ni les mêmes joies ni les mêmes peines? Ils n'auront plus entr'eux cet échange de sentiments sans lesquels il n'y a pas d'amitié possible, puiscpi'il n'y a plus moyen alors de vivre ensem- ble intimement, ainsi que nous l'avons déjà plus d'une fois expliqué. § 5. J\Iais ne serait-ce pas le traiter un peu trop nidement que d'être avec lui comme s'il n'avait jamais été

��Distinction très-délicate et très-pra- réel. — Dans les amilics contractées

tique. La difficulté, c'est de bien dès l'enfance. C'est là, en effet, que

juger si l'amélioration morale est ou le cours du temps amène peu à peu

n'est pas devenue tout à fait impos- les changements les plus considé-

sible. râbles. — • Nous l'acons déjà.... ex-

$ II. Supposez encore un autre pliquc. Voir plus haut, livre VIII,

CHS. Ce second cas est encore très- ch. 5, § 6.

�� �