Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/905

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LIVRE IX, CH. IV, § 2. 383

origine de ceux qu'on a pour soi-nièmc. Ainsi, l'on regarde comme ami celui qui vous veut et qui vous fait du bien, apparent ou réel , uniquement pour vous-même ; ou en- core celui qui ne désire la vie et le bonheur de son ami qu'en vue de ce même ami. C'est là tout à fait l'aflection désintéressée que les mères ressentent pour leurs enfants, et qu'éprouvent des amis qui se réconcilient après quelque brouille. On dit aussi quelquefois que l'ami est celui qui vit avec vous, qui a les mêmes goûts, qui se réjouit de vos joies, et qui s'afflige de vos chagrins, sympathie qui est encore surtout remarquable dans les mères. Voilà quel- ques-uns des caractères par lesquels on définit l'amitié véritable. § 2. Or, ce sont là précisément tous les senti- ments que l'honnête homme éprouve pour lui-même, et ({n'éprouvent aussi les autres hommes en tant qu'ils se croient honnêtes ; car il semble, ainsi que je l'ai déjà dit, que la vertu et l'homme vertueux peuvent être pris pour mesure de tout le reste. Un tel homme est toujours d'ac- cord avec lui-même, et il ne désire dans toutes les parties de son âme que les mêmes choses. Il ne voit, et il ne fait pour lui que le bien, ou ce qui lui paraît l'être. Et c'est le propre de l'honnête homme de faire le bien exclusive-

��Ce qui ne veut pas dire que l'égoïsme être ceux qu'il soutient envers lui-

soit le fondement de l'amitié. Loin de même. C'est là ce qui fait sans doute,

ià ; l'amitié aux yeux d'Aristote n'est qu'Aristote prend une forme dubita-

réelle que quand elle est désintéres- tive pour exprimer sa pensée, sée. Il veut dire seulement qu'on a § 2. Que l'honnêic liommc éprouve

pour son ami les sentiments qu'on a pour lui-même. Il est impossible d'af-

pour soi-même. La comparaison firmer plus nettement, quoique

d'ailleurs me semble un peu forcée, d'une manière indirecte, la dualité

et les rapports que l'individu soutient de l'iiomme. — Ainsi que je Cai déjà

envers un autre, ne peuvent jamais dit. Voir plus haut, livre III, cli. 5,

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