Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/93

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faut à leur égaril réprimer sa colère, et ne poiiU se laisser aller à des emportements et à d'aigres ré- primandes qui ne feraient que les cabrer, et les éloi- gner du remède *.

Ce qui donne à tous ces préceptes de Socrate une grandeur et une originalité qui leur sont propres, c'est qu'il ne se borne pas à les exposer : il les pra- tique, et sa vie entière n'en est que la longue et pénible application. Dès qu'il a reçu du Dieu de Delphes sa mission sainte, et qu'il s'est éclairé lui- même, il ne cesse d'éclairer ses concitoyens. Sous les formes les plus bienveillantes, que n'exclut point l'ironie comme il l'entend, il leur donne les plus utiles conseils, et il porte dans les consciences sin- cères la lumière qu'il puise dans la sienne. C'est un devoir si étroit pour lui de faire du bien à ses sem- blables, et de les sauver, s'il le peut, qu'au prix même de la vie il ne renoncerait pas à le remplir. Les Athé- niens lui diraient : « Socrate, nous rejetons l'avis » d'Anytus, et nous te renvoyons absous; mais c'est à » condition que tu cesseras de philosopher et de faire » tes recherches accoutumées, et que si lu y re- » lombes et que tu sois découvert, tu mourras. ■>

(1) Platon, f.ois. I. pas^e 13; IV, 2GZi; Urfwhliqur, T, 20.

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