Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/94

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Lxxxiv PRÉFACE.

Socratc n'hésilerail point à leur répondre : « Alhé- ') iiiens, je vous honore et je vous aime ; mais j'ohéi- » rai au Dieu plutôl-qu'à vous. Tant que je respirerai, .) cl que j'aurai un peu de force, je ne cesserai de ' vous donner des avertissements et des conseils, et « de tenir à tous ceux que je rencontrerai mon lan- » gage ordinaire. Si même je me défends à celle » heure, ce n'est pas pour l'amour de moi, comme » on pourrait le croire; c'est pour l'amour de vous, » de peur qu'en me condamnant vous n'offensiez le » Dieu. » Telle est la conviction de Socrate, telle est sa charité envers les autres hommes, que, quand on a entendu son apologie, on n'est pas étonné de le voir devancer de quelques siècles le christianisme lui-même, et dire aux citoyens de sa république : « Vous tous qui faites partie de l'État, vous êtes y> frères : » car lui-même il n'a pas oublié un instant qu'il était le frère de ses bourreaux, i

On devine assez quelles sont les doctrines reli- gieuses qui doivent couronner des doctrines morales de cet ordre, et la théodicée de Platon et de Socrate est bien facile à tirer de leur morale. Si la voix qui

��(1) Platon, Apolorjîe (le Socrate, pages 93, 9â; République, III,

187.

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