Page:Aristote - La Politique.djvu/127

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e en ce sens. Nulle part ailleurs que dans la démocratie, il n’existe de droit commun et illimité d’être membre de l’assemblée publique et d’être juge. Ce sont au contraire des pouvoirs tout spéciaux ; car on peut étendre à toutes les classes de citoyens, ou limiter à quelques-unes, la faculté de délibérer sur les affaires de l’État et celle de juger ; cette faculté même peut s’appliquer à tous les objets, ou bien être restreinte à quelques-uns. Donc évidemment, le citoyen, c’est l’individu qui peut avoir à l’assemblée publique et au tribunal voix délibérante, quel que soit d’ailleurs l’État dont il est membre ; et j’entends positivement par l’État une masse d’hommes de ce genre, qui possède tout ce qu’il lui faut pour fournir aux nécessités de l’existence.

§ 9. Dans le langage usuel, le citoyen est l’individu né d’un père citoyen et d’une mère citoyenne ; une seule des deux conditions ne suffirait pas. Quelques personnes poussent plus loin l’exigence et demandent deux ou trois ascendants, ou même davantage. Mais de cette définition, qu’on croit aussi simple que républicaine, naît une autre difficulté, c’est de savoir si ce troisième ou quatrième ancêtre est citoyen. Aussi, Gorgias de Léontium, moitié par embarras, moitié par moquerie, prétendait-il que les citoyens de Larisse étaient fabriqués par des ouvriers qui n’avaient que ce métier-là et qui fabriquaient des Larissiens comme un potier fabrique un pot. Pour nous, la question