Page:Aristote - La Politique.djvu/142

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la cité, c’est en tous lieux le gouvernement. Le gouvernement est la constitution même. Je m’explique : par exemple, dans les démocraties, c’est le peuple qui est souverain ; dans les oligarchies, au contraire, c’est la minorité composée des riches ; aussi dit-on que les constitutions de la démocratie et de l’oligarchie sont essentiellement différentes, et nous appliquerons les mêmes distinctions à toutes les autres.

§ 2. Il faut d’abord rappeler ici quel est le but assigné par nous à l’État, et quelles sont les diversités que nous avons reconnues dans les pouvoirs, tant ceux qui s’appliquent à l’individu que ceux qui s’appliquent à la vie commune. Au début de ce traité, nous avons dit, en parlant de l’administration domestique et de l’autorité du maître, que l’homme est par sa nature un être sociable ; et j’entends parla que, même sans aucun besoin d’appui mutuel, les hommes désirent invinciblement la vie sociale.

§ 3. Ceci n’empêche pas que chacun d’eux n’y soit aussi poussé par son utilité particulière, et par le désir de trouver la part individuelle de bonheur qui lui doit revenir. C’est là certainement le but de tous en masse et de chacun en particulier ; mais les hommes se réunissent aussi, ne fût-ce que pour le bonheur seul de vivre ; et cet amour de la vie est sans doute une des perfections de l’humanité.