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Chapitre II

Suite ; le bonheur a-t-il les mêmes éléments pour l’État que pour l’individu ? Des avantages et des inconvénients de la domination ; exemples divers de quelques peuples qui l’ont toujours ambitionnée ; condamnation de ce système politique ; la conquête ne doit pas être le but de la cité.

§ 1. Il nous reste à rechercher si le bonheur se constitue d’éléments identiques ou divers, pour les individus et pour l’État. Mais évidemment chacun convient que ces éléments sont identiques. Si l’on place la félicité de l’individu dans la richesse, on n’hésitera point à déclarer l’État parfaitement heureux, dès qu’il est riche ; si pour l’individu l’on estime par-dessus tout un pouvoir tyrannique, l’État sera d’autant plus heureux que sa domination sera plus vaste ; si pour l’homme on trouve la félicité suprême dans la vertu, l’État le plus sage sera également le plus fortuné.

§ 2. Deux points ici méritent surtout notre attention : d’abord la vie politique, la participation aux affaires de l’État, est-elle préférable pour l’individu ? Ou vaut-il mieux qu’il vive partout en étranger, et libre de tout engagement public ? Et en second lieu, quelle constitution, quel système politique doit-on adopter de préférence : ou de celui qui admet tous les citoyens sans exception au maniement des affaires, ou de celui qui, en faisant quelques exceptions, y appelle du moins la majorité ? Cette dernière question intéresse la science et la théorie politiques, qui i rie s’inquiètent pas des