Page:Aristote - La Politique.djvu/210

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de sa tâche. Ainsi, je puis dire d’Hippocrate, non pas comme homme, mais comme médecin, , qu’il est beaucoup plus grand qu’un autre homme d’une taille plus élevée que la sienne.

§ 4. En admettant même qu’on ne dût regarder qu’au nombre, il ne faudrait pas encore confondre tous les éléments qui le forment. Bien que tout l’État renferme à peu près nécessairement une foule d’esclaves, de domiciliés, d’étrangers, il ne faut réellement tenir compte que des membres mômes de la cité, de ceux qui la composent essentiellement ; c’est le grand nombre de ceux-là qui est le signe certain de la grandeur de l’État. La cité d’où sortirait une multitude d’artisans, et peu de guerriers, ne serait jamais un grand État ; car il faut bien distinguer entre un grand État et un État populeux.

§ 5. Les faits sont là pour prouver qu’il est bien difficile, et peut-être impossible, de bien organiser une cité trop peuplée ; aucune de celles dont on vante les lois n’a renfermé, comme on peut le voir, une population excessive. Le raisonnement vient ici à l’appui de l’observation. La loi est l’établissement d’un certain ordre ; de bonnes lois produisent nécessairement le bon ordre ; mais l’ordre n’est pas possible dans une trop grande multitude. La puissance divine, qui embrasse l’univers entier, serait seule capable de l’y établir.