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LIVRE IV (7), CHAPITRE V

CHAPITRE V

Suite. Du territoire de l’État parfait ; conditions militaires qu’il doit remplir ; la cité doit avoir une position maritime ; moyens assurés de tirer parti du voisinage de la mer ; dangers de la préoccupation exclusive du commerce maritime ; précautions que le législateur doit prendre, afin que les relations maritimes soient sans inconvénients pour le bon ordre de la cité.

§ 1. Les principes que nous venons d’indiquer pour la grandeur de l’État, peuvent jusqu’à certain point s’appliquer au territoire. Le territoire le plus favorable, sans contredit, est celui dont les qualités assurent le plus d’indépendance à l’État ; et c’est précisément celui qui fournira tous les genres de productions. Tout posséder, n’avoir besoin de personne, voilà la véritable indépendance. L’étendue et la fertilité du territoire doivent être telles que tous les citoyens puissent y vivre dans le loisir d’hommes libres et sobres[1]. Nous examinerons plus tard[2] la valeur de ce principe avec plus de précision, quand nous traiterons en général de la propriété, de l’aisance et de l’emploi de la fortune, questions fort controversées, parce que les hommes tombent souvent dans l’excès : ici, la sordide avarice ; là, le luxe effréné.

§ 2. La configuration du territoire n’offre aucun embarras. Les tacticiens, dont il faut prendre aussi l’avis, exigent qu’il soit d’un accès difficile pour l’ennemi,

  1. Voir plus haut, liv. II, iii, 5
  2. Dans l’Économique, dont le livre Ier est le seul, à ce qu’il semble, qui appartienne à Aristote.