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POLITIQUE D’ARISTOTE.

et d’une sortie commode pour les citoyens. Ajoutons que le territoire, comme la masse de ses habitants, doit être d’une surveillance facile, et qu’un terrain aisé à observer n’est pas moins aisé à défendre. Quant à la position de la cité, si l’on peut la déterminer à son choix, il faut qu’elle soit également bonne et par terre et par mer. La seule condition à exiger, c’est que tous les points puissent s’y prêter un mutuel secours, et que le transport des denrées, des bois et de tous les produits ouvrés du pays, quel qu’ils puissent être, y soit commode. § 3. C’est une grande question[1] de savoir si ce voisinage de la mer est avantageux ou funeste à la bonne organisation de l’État. Ce contact d’étrangers élevés sous des lois toutes différentes, est nuisible au bon ordre ; et la population que forme cette foule de marchands qui vont et qui viennent par mer, est certainement fort nombreuse, mais elle est bien rebelle à toute discipline politique. § 4. En faisant abstraction de ces inconvénients, nul doute qu’en vue de la sûreté et de l’abondance nécessaires à l’État, il ne faille pour la cité et le reste du territoire préférer une position maritime. On soutient mieux une agression ennemie, quand on peut recevoir les secours de ses alliés par terre et par mer à la fois ; et si l’on ne peut faire du mal aux assaillants des deux côtés en même temps,

  1. Aristote semble avoir ici en vue l’opinion de Platon. Voir les Lois, liv. IV, p. 203 et suiv., trad. de M. Cousin. Le maître condamne la position maritime pour la cité : le disciple est moins sévère. Cicéron incline à l’avis d’Aristote. Voir la République, livre II, chapitre iii et iv, édition de M. Leclerc.