Page:Aristote - La Politique.djvu/26

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nistration domestique, puisque l’une emploie ce que l’autre fournit. A qui appartient-il, en effet, de mettre en œuvre les fonds de la famille, si ce n’est à l’administration domestique?

§ 2. Reste à savoir si l’acquisition des choses n’est qu’une branche de cette administration, ou bien une science à part. D’abord, si celui qui possède cette science doit connaître les sources de la richesse et de la propriété, on doit convenir que la propriété et la richesse embrassent des objets bien divers. En premier lieu, on peut se demander si l’art de l’agriculture, et en général la recherche et l’acquisition des aliments, est compris dans l’acquisition des biens, ou s’il forme un mode spécial d’acquérir.

§ 3. Mais les genres d’alimentation sont extrêmement variés ; et de là, cette multiplicité de genres de vie chez l’homme et chez les animaux, dont aucun ne peut subsister sans aliments. Par suite, ce sont précisément ces diversités-là qui diversifient les existences des animaux. Dans l’état sauvage, les uns vivent en troupes, les autres s’isolent, selon que l’exige l’intérêt de leur subsistance, parce que les uns sont carnivores, les autres frugivores, et les autres omnivores. C’est pour leur faciliter la recherche et le choix des aliments que la nature leur a déterminé un genre spécial de vie. La vie des carnivores et celle des frugivores différent justement en ce qu’ils n’aiment point par instinct la même nourriture, et que chacun d’eux a des goûts particuliers.

§ 4. On en peut dire autant des hommes. Leurs modes d’existence ne sont pas moins divers. Les uns, dans un désœuvrement absolu, sont nomades ; sans peine et sans travail, ils se nourrissent de la chair des