Page:Aristote - La Politique.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE X. Principes généraux applicables à ces diverses espèces de gouvernement. Qualité et quantité des citoyens jouissant des droits politiques ; il est nécessaire de combiner avec équité les divers éléments de l’État, et de leur faire à chacun leur part ; ruses de l’oligarchie ; ruses contraires de la démocratie ; règles à suivre envers les pauvres. Considérations historiques ; importance toujours croissante de l’infanterie, tirée des rangs du peuple.

§ 1. Passons à une question qui tient de bien près à toutes celles-là ; c’est celle de l’espèce et de la nature du gouvernement selon les peuples à gouverner. Un premier principe général s’applique à tous les gouvernements : toujours la portion de la cité qui veut le maintien des institutions doit être plus forte que celle qui en veut le renversement. Dans tout État, il faut distinguer deux objets : la quantité et la qualité des citoyens. Par qualité, j’entends la liberté, la richesse, les lumières, la naissance ; par quantité, j’entends la prépondérance numérique.

§ 2. La qualité peut appartenir à telle portion des éléments politiques, et la quantité se trouver dans telle autre. Ainsi, les gens sans naissance peuvent être plus nombreux que ceux de naissance illustre ; les pauvres, plus nombreux que les riches, sans toutefois que la supériorité du nombre puisse compenser la différence en qualité. Aussi, doit-on tenir bien compte de ces rapports proportionnels. Partout où, même ce rapport étant gardé, la multitude