Page:Aristote - La Politique.djvu/336

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des pauvres a la supériorité, la démocratie s’établit naturellement avec toutes ses combinaisons diverses, suivant l’importance relative de chaque partie du peuple. Par exemple, si les laboureurs sont les plus nombreux, c’est la première de toutes les démocraties ; si les artisans et les mercenaires sont en plus grand nombre, c’est la dernière ; les autres espèces se classent également entre ces deux extrêmes.

§ 3. Partout où la classe riche et distinguée l’emporte plus en qualité. qu’elle ne le cède en nombre, l’oligarchie se constitue de la même manière avec toutes ses nuances, selon la tendance particulière de la masse oligarchique qui l’emporte. Mais le législateur ne doit jamais avoir en vue que la moyenne propriété. S’il fait des lois oligarchiques, c’est à elle qu’il doit penser ; s’il fait des lois démocratiques, c’est encore elle qu’il doit ranger à ces lois.

§ 4. La constitution n’est solide que là où la classe moyenne l’emporte en nombre sur les deux classes extrêmes, ou du moins sur chacune d’elles. Les riches n’ourdiront jamais contre elle de complots bien redoutables de concert avec les pauvres ; car riches et pauvres redoutent également le joug qu’ils s’imposeraient mutuellement. Que s’ils veulent un pouvoir d’intérêt général, ils ne pourront le trouver que dans la classe moyenne. La défiance réciproque qu’ils ont entre eux les empêchera toujours de s’arrêter à un pouvoir alternatif ; on ne se fie jamais qu’à un arbitre ; et l’arbitre ici, c’est la classe intermédiaire. Plus la combinaison politique qui forme l’État est parfaite, plus la constitution a des chances de durée.

§