Page:Aristote - La Politique.djvu/338

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pour les tribunaux, on prononce une amende contre les riches qui s’abstiennent de juger, et on accorde l’impunité aux pauvres ; ou bien l’amende est énorme pour ceux-là et n’est presque rien pour ceux-ci, comme dans les lois de Charondas.

§ 7. Quelquefois il suffit d’avoir été inscrit sur les registres civiques, pour avoir entrée à l’assemblée générale et au tribunal ; mais, une fois inscrit, si l’on manque à ces deux devoirs, on est passible d’une amende effrayante. Elle a pour but de faire qu’on s’abstienne de s’inscrire ; et, comme l’on n’est pas inscrit, l’on ne fait alors partie ni du tribunal ni de l’assemblée. Mêmes systèmes de lois pour la possession des armes, pour les exercices gymnastiques : on permet aux pauvres de n’être point armés ; on punit d’une amende les riches qui ne le sont pas ; pour les gymnases, point d’amende contre les pauvres, amende contre les riches qui ne s’y rendent point : ceux-ci y vont, crainte de l’amende ; les autres n’y paraissent jamais, parce qu’ils n’ont point à la redouter. Telles sont les ruses mises en usage par les lois dans les constitutions oligarchiques.

§ 8. Dans les démocraties, le système de ruse est tout à fait opposé : indemnité au pauvres qui assistent au tribunal et à l’assemblée générale ; impunité pour les riches qui n’y vont pas. Pour que la combinaison politique soit équitable, il faut évidemment emprunter quelque chose aux deux systèmes contraires : salaire pour les pauvres et amende pour les riches. Tous alors, sans exception, prennent