Page:Aristote - La Politique.djvu/337

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5. Presque tous les législateurs, même ceux qui ont voulu fonder des gouvernements aristocratiques, ont commis deux erreurs à peu près égales : d’abord en accordant trop aux riches ; puis en trompant les classes inférieures. Avec le temps nécessairement il sort toujours d’un faux bien un mal véritable ; car l’ambition des riches a ruiné plus d’États que l’ambition des pauvres.

§ 6. Les artifices spécieux dont on prétend leurrer le peuple en politique s’appliquent à cinq objets : l’assemblée générale, les magistratures, les tribunaux, la possession des armes, et les exercices du gymnase. Pour l’assemblée générale, on donne à tous les citoyens le droit d’y assister ; mais on a soin d’imposer aux riches une amende s’ils ne s’y rendent pas, et cette amende ne s’applique qu’à eux seuls, ou du moins elle est beaucoup plus forte contre eux que contre les pauvres ; pour les magistratures, on interdit aux riches qui ont le cens, la faculté de les refuser, et on la laisse aux pauvres ;