Page:Aristote - La Politique.djvu/374

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mercenaires. Toutefois il faut remarquer que, tourbillonnant sans cesse dans les marchés et les rues de la cité, cette masse se réunit sans peine, on peut dire, en assemblée publique. Les laboureurs, au contraire, disséminés dans les champs, se rencontrent rarement entre eux et ne sentent pas autant ce besoin de se réunir.

§ 8. Mais si le territoire est distribué de telle sorte que les champs soient fort éloignés de la ville, on peut établir aisément dans cette condition une excellente démocratie et même une république. La majorité des citoyens est forcée alors d’émigrer de la ville et d’aller vivre dans les campagnes ; et l’on sta¬tuerait que la tourbe des marchands ne pourra se réunir jamais en assemblée générale, sans la présence de la masse agricole. Tels sont les principes sur lesquels doit reposer l’institution de la première et de la meilleure des démocraties. On peut sans peine en déduire l’organisation de toutes les autres, dont les dégénérations se succèdent selon les diverses classes du peuple, jusqu’à cette classe dégradée qu’il faut toujours exclure.

§ 9. Quant à cette forme dernière de la démagogie, où l’universalité des citoyens prend part au gouvernement, tout État n’est pas fait pour la supporter ; et l’existence en est fort précaire, à moins que les mœurs et les lois ne s’accordent à la maintenir. Nous avons indiqué plus haut la plupart des causes qui ruinent cette forme politique et les autres États républicains.