Page:Aristote - La Politique.djvu/375

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Pour établir ce genre de démocratie et transférer tout le pouvoir au peuple, les meneurs tâchent ordinairement d’inscrire aux rôles civiques le plus de gens qu’ils peuvent ; ils n’hésitent point à comprendre au nombre des citoyens non seulement ceux qui sont dignes de ce titre, mais aussi tous les citoyens bâtards, et tous ceux qui ne le sont que d’un des deux côtés : je veux dire soit du côté du père, soit du côté de la mère. Tous ces éléments sont bons pour former le gouvernement que ces hommes-là dirigent.

§ 10. Ce sont des moyens tout à fait à la portée des démagogues. Toutefois, qu’ils n’en fassent usage que jusqu’à ce queles classes inférieures l’emportent en nombre sur les hautes classes, et les classes moyennes ; qu’ils se gardent bien d’aller au delà ; car en dépassant cette limite, on se donne une foule indisciplinable, et l’on exaspère les classes élevées, qui supportent si difficilement l’empire de la démocratie. La révolution de Cyrène n’eut point d’autres causes. On ne remarque point le mal tant qu’il est léger ; mais il s’accroît, et il frappe alors tous les yeux.

§ 11. On peut, dans l’intérêt de cette démocratie, employer les moyens dont Clisthène fit usage à Athènes pour fonder le pouvoir populaire, et qu’appliquèrent aussi les démocrates de Cyrène. Il faut créer en plus grand nombre de nouvelles tribus, de nouvelles phratries ; il faut substituer aux sacrifices particuliers des