Page:Aristote - La Politique.djvu/407

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parce qu’elle se prétend, comme je l’ai déjà dit, lésée par l’inégalité politique, et qu’elle se croit des droits à l’égalité. Dans les démocraties, ce sont les hautes classes qui se soulèvent, parce qu’elles n’ont que des droits égaux, malgré leur inégalité.

§ 12. La position topographique suffit quelquefois à elle seule pour provoquer une révolution ; par exemple, quand la distribution même du sol empêche que la ville n’ait une véritable unité. Ainsi, voyez à Clazomène l’inimitié des habitants du Chytre et des habitants de l’Île ; voyez les Colophoniens, les Notiens. À Athènes, il y a dissemblance entre les opinions politiques dés diverses parties de la ville ; et les habitants du Pirée sont plus démocrates que ceux de la cité. Dans un combat, il suffit de quelques fossés à franchir et des moindres obstacles pour rompre les phalanges ; dans l’État, toute démarcation suffit pour y porter la discorde. Mais le plus puissant motif de désaccord, c’est la vertu d’une part et le vice de l’autre ; la richesse et la pauvreté ne viennent qu’après ; puis enfin bien d’autres causes plus ou moins influentes, et parmi elles, la cause toute physique dont je viens de parler.politique8gr.htm#33


§ 1. Nous avons déjà dit. Voir ci-dessus, chap. I, § 7. Platon ne reconnaît qu’une seule cause de révolution : c’est la discorde entre les membres mêmes du gouvernement. Républ., VIII, page 129, traduction de M. Cousin. L’origine et les causes. Montesquieu a de son point de vue traité un sujet à peu près pareil, en étudiant, dans le VIIIe livre de l’Esprit des Lois, les causes qui corrompent les principes des gouvernements, et qui, par conséquent, les ruinent.

§ 3. Indiquées plus haut. Voir plus haut, § 2. Hobbes (de Corpore politico, cap. viii) a classé les causes de révolution à peu près comme le fait ici Aristote. Voir aussi Machiavel, Décades de Tite-Live, liv. III, ch. vi. Montesquieu a omis de faire une théorie générale des révolutions, et certainement c’est une lacune fort regrettable dans un si bel ouvrage ; il a seulement indiqué ce sujet dans son Ve livre. Rousseau n’a point eu occasion de le traiter directement. On peut dire que c’est une des parties les moins travaillées, quoiqu’une des plus curieuses, de la science politique. Il est assez remarquable que notre grande révolution n’ait point encore inspiré d’ouvrage distingué sur un tel sujet. Voir ma Préface, à la fin.

§ 4. On s’insurge…. Cette cause a certainement exercé la plus grande influence sur notre révolution. — Dynastie oligarchique. Voir liv. VI (40), ch. v, § 1.

§ 5. Le moyen de t’ostracisme. Voir la discussion sur l’ostracisme, liv. III, ch. vii, § 2. À Rhodes. M. Ott. Müller a prétendu (die Dorier, t. II, p. 149) que le fait dont il s’agit ici était le même que celui dont Aristote parle plus bas, § 6, et plus loin, ch. IV, § 2. Je pense comme Müller, bien que, dans le premier cas, Aristote attribue la révolution à la crainte, et dans le second, au mépris, ainsi que l’a remarqué M. Goettling, p. 392. Mais une seule révolution peut avoir à la fois plusieurs causes ; et Aristote peut fort bien avoir considéré le même fait sous les diverses faces qu’il présente. Voir plus loin, même livre, ch. VIII, § 8. Quoi qu’il en puisse être, Goettling, avec Kortiim (Zur Gesch. Hellen. Staats-Verf., p. 113), croit que la première révolution de Rhodes et la troisième, dont parle Aristote, se rapportent à la première année de la XCIVe olympiade, 396 ans avant J.-C., et l’autre, à la deuxième année de la XCIIe olympiade, 410 ans avant J.-C. Cette partie de l’histoire est d’ailleurs fort obscure, et l’érudition ne l’a point encore éclaircie.

§ 6. Le combat des Œnophytes. Voir Thucydide, livre I, ch. CVIII, et Diod. de Sicile, liv. XI, page 61. Cette bataille, où les Athéniens furent vainqueurs des Thébains, fut livrée la quatrième année de la LXXXe olympiade, 458 ans avant J.-C. À Mégare. Voir plus bas, ch. IV, § 3, et Ott. Müller, die Dorier, t. II, p. 167. Müller suppose que ces excès de la démocratie à Mégare remontent au temps de Théognis, qui y a fait allusion, v. 677, environ 540 ans avant J.-C. À Syracuse. Voir Ott. Müller, die Dorier, t. II, p. 156, vers la LXXIIe olympiade, 470 ans avant J.-C. ; Hérodote, Polymnie, chap. CLV. Et à Rhodes. Voir le paragraphe précédent et la note qui s’y rapporte. On a fort peu de renseignements sur Rhodes. Défection. Ce mot fait sans doute allusion à quelque grand événement historique.

§ 8. À Tarente. Voir plus loin, ch. vi, § 2, et plus haut, liv. VII (6e), ch. III, § 5, et Ott. Müller, die Dorier, t. II, p. 175 et suiv. La bataille dont parle ici Aristote fut livrée la quatrième année de la LXXVIe olympiade, 473 ans avant J.-C., six ans après la bataille de Platée. Voir Hérodote, Polymnie, ch. CLXX, § 2, p. 366, édit. Firmin Didot, et Diodore de Sicile, liv. XI, ch. LII, § 4, p. 388, édit. Firmin Didot. Après la bataille du Sept. Müller (die Dorier, t. I, p. 173, et II, p. 56) pense, d’après un passage de Plutarque (de Mulier. virt., p. 269), que le mot dont se sert Aristote, signifie le septième jour d’un mois dont on ignore le nom. M. Goettling, p. 393, prend ce mot pour un nom de lieu. Voir Hérodote, Erato, ch. LXXVI-LXXX, p. 298 édit Firmin Didot. Pausanias, Corinth., ch. xx, parle de la victoire de Cléomène, qui remonte à la LXIVe olympiade, 524 ans av. J.-C. À Athènes. Thucyd., livre VI, ch. xxxi. Dans les guerres contre Lacédémone. C’est la guerre du Péloponnèse, si fatale pour Athènes.

§ 9. À Hérée. Il y avait une ville de ce nom dans l’Arcadie. À Orée. Colonie athénienne dans l’Étolie. Voir Strabon, liv.