Page:Aristote - La Politique.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais impossible ; et de l’autre, il ne prouve rien moins que l’unanimité.

§ 10. Le système proposé offre encore un autre inconvénient : c’est qu’on porte très peu de sollicitude aux propriétés communes ; chacun songe vivement à ses intérêts particuliers, et beaucoup moins aux intérêts généraux, si ce n’est en ce qui le touche personnellement ; quant au reste, on s’en repose très volontiers sur les soins d’autrui ; c’est comme le service domestique, qui souvent est moins bien fait par un nombre plus grand de serviteurs. § 11. Si les mille enfants de la cité appartiennent à chaque citoyen, non pas comme issus de lui, mais comme tous nés, sans qu’on y puisse faire de distinction, de tels ou tels, tous se soucieront également peu de ces enfants-là. D’un enfant qui réussit chacun dira : « C’est le mien ; » et s’il ne réussit pas, on dira, à quelques parents d’ailleurs que se rapporte son origine, d’après le chiffre de son inscription : « C’est le mien, ou celui de tout autre. » Mêmes allégations, mêmes doutes pour les mille enfants et plus que l’État peut renfermer, puisqu’il sera également impossible de savoir et de qui l’enfant est né, et s’il a vécu après sa naissance.

§ 12. Vaut-il mieux que chaque citoyen dise de deux mille, de dix mille enfants, en parlant de chacun d’eux : « Voilà mon enfant ? » Ou l’usage actuellement reçu est-il préférable ? Aujourd’hui on appelle son fils