Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/101

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la richesse ; et quand il s’est aperçu de son ignorance en ce point, il voit avec regret les hommes instruits, qu’il est forcé d’admirer, se servir d’un langage imposant, et qu’il ne saurait comprendre. Cependant il y a eu des personnes[1] qui pensaient que, parmi les biens en si grand nombre, il en existe un qui est le bien en soi, et qui est la cause de tout ce que les autres ont de bon. Au reste, il est peut-être inutile d’examiner ces opinions diverses ; c’est assez de s’arrêter à celles qui ont le plus de vogue, ou qui semblent avoir quelque fondement raisonnable.

Toutefois n’oublions pas la différence qu’il y a entre les raisonnements qui procèdent en prenant les principes pour point de départ, et ceux qui ont pour objet de remonter aux principes : car Platon avait raison de voir ici la matière d’une question importante ; et il cherchait à s’assurer si la méthode consiste à partir des principes, ou à y remonter ; comme, dans les courses du stade, on pourrait demander si le point de départ est l’endroit où siègent les juges des prix, en courant vers la borne placée à l’extrémité de la carrière, ou bien si c’est le contraire. Quoi qu’il en soit, c’est par les choses connues qu’il faut commencer[2] ;

  1. C’est à la doctrine de Platon que notre auteur fait allusion ici, comme on le verra plus clairement dans le chapitre VI.
  2. Voy. Aristot. Topic. 1. 6, c. 3. Analyt. Poster. I. i, c. 2. Physic. Auscult. 1. i, c. i, et Metaphys. 1. 7, c. 4.