Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/102

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et l’on peut en considérer de deux sortes : celles qui sont connues par nous, et celles qui le sont en général ; peut-être convient-il de commencer par celles qui nous sont connues. C’est pour cela qu’il faut avoir des mœurs bien réglées et des habitudes honnêtes, quand on veut tirer une véritable utilité des leçons qui nous seront données sur l’honnête, sur le juste, et, en général, sur la politique. Car les vrais principes sont dans les faits ; et quand ceux-ci se manifestent dans toute leur étendue, il est presque superflu de remonter aux causes[1]. Celui donc qui est tel que je viens de dire, ou possède déjà les principes de la science, ou peut du moins facilement en acquérir la connaissance ; mais s’il est quelqu’un qui manque de ces deux conditions, qu’il écoute ces paroles d’Hésiode[2] :

« Celui-là, dit-il, est le plus sage et le plus excellent des hommes, qui, connaissant tout par lui-même, est capable de prévoir la suite des événements, et de prendre toujours le parti le

  1. Aristote traite, dans sa Logique (Analyt. Poster. l. i, c. 13), de la différence qu’il y a entre les démonstrations fondées sur la simple exposition du fait (τὸ ὅτι), et celles qui se font en remontant à la cause (τὸ διότι) ; et au premier livre de sa Métaphysique, il remarque que les hommes habiles savent bien les faits, mais qu’ils ignorent les causes.
  2. Dans son poëme des Œuvres et des Jours (vers. 293). La même pensée, à peu près, se trouve aussi dans l’Antigone de Sophocle (vers. 720 et suiv.)