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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/107

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on parle de ce qui est médiocre ; à la relation, en parlant de l’utile. Le mot bon s’applique aussi au temps : on le dit de l’occasion ; au lieu : on le dit d’une demeure, d’un séjour, et d’autres choses pareilles. Il est donc évident qu’il n’exprime pas quelque chose qui soit une, commune et universelle ; car alors il ne pourrait se dire que d’une seule catégorie, et non de toutes[1].

Enfin, puisqu’il n’y a qu’une seule science des choses comprises sous une seule idée, il ne devrait y avoir qu’une seule science de tout ce qui est bon ; or, il y a plusieurs sciences du bien, même dans les choses comprises sous une seule catégorie. Par exemple, la science du temps ou de l’occasion : dans la guerre, c’est la stratégie ; dans la maladie, c’est la médecine : et pour la science du médiocre, en fait d’aliments, c’est encore la médecine ; et, en fait d’exercices, c’est la gymnastique. On est même assez embarrassé de savoir ce qu’on doit entendre par l’expression d’idée propre de chaque chose[2], puisque ces expressions idée propre de l’homme,

  1. Ici la doctrine fantastique de Platon, sur les idées, ou modèles éternels des choses et des objets de la pensée humaine, est réfutée par la doctrine arbitraire d’Aristote sur les catégories, ou classes de tous ces mêmes objets ; et il est assez évident que tout ce raisonnement ne prouve rien, ni contre Platon, ni pour Aristote.
  2. Exprimée en grec par le mot αὐτοέκασον. C’est, pour chaque objet, le modèle ou l’archétype, dont Platon supposait que cet objet n’était que la copie ; réalisant ainsi les conceptions de notre esprit, qui sont exprimées par les noms des genres et