Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/108

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et homme, n’admettent que la même définition, qui est celle de l’homme ; car il ne doit y avoir aucune différence, en ce sens, que la notion homme est comprise dans l’une et l’autre expression. Par conséquent, il en sera de même de la notion du bon et du bien : la durée éternelle (qu’on lui attribue en en faisant une idée) n’ajoutera rien à la bonté, de même que la couleur blanche qui subsisterait pendant des siècles, ne sera pas pour cela plus blanche que celle qui ne durerait qu’un jour. La manière dont les Pythagoriciens[1] s’expriment sur ce sujet, paraît plus conforme à la vérité : ils placent l’unité dans le catalogue ou tableau des biens ; et, sur ce point, Speusippus[2] semble avoir suivi leur doctrine. Mais c’est une discussion qui sera mieux placée ailleurs.

Ce que nous avons dit précédemment peut donner lieu à quelque embarras ; parce qu’il semble que nous n’ayons pas voulu parler de toutes les sortes de biens, mais que nous ayons rangé sous une seule et même espèce, tous ceux qu’on préfère et

    des espèces. On voit, dans Diogène Laërce (1. 6, sect. 53), qu’Aristote n’était pas le seul qui fût peu satisfait de cette doctrine, dont Platon ne laissait pas de tirer vanité.

  1. Ils avaient formé des tableaux comparatifs des qualités opposées les plus générales, comme fini, infini, — pair, impair, —unité, pluralité, — bon, mauvais, etc. (Voy. Aristot., Metaphys., 1. i, c. 5 ; et Plutarch. de Isid et Osir. § 48).
  2. Neveu de Platon, et qui fut son successeur dans l’école que ce philosophe avait fondée. Aristote, dit-on, acheta trois talents les livres de Speusippus (Diog. Laert., I. 4, sect. 5).