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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/11

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vie commune. À la fin de presque tous les repas solennels, où se trouvaient réunis un certain nombre de convives, on chantait, en s’accompagnant de la lyre, de petits poèmes appelés Scolies, qui avaient pour but de développer, en l’ornant de tous les charmes de la poésie, quelque vérité importante, quelque maxime salutaire, comme nous l’apprend, entre autres, Athénée, qui cite, à ce sujet, le magnifique scolie d’Aristote, espèce d’hymne à la vertu, dans lequel ce philosophe a consacré la mémoire de l’eunuque Hermias, son ami et son bienfaiteur[1].

  1. Voy. Athen. Deipnosoph. 1. xv, p. 694. J’ai pensé que les lecteurs pourraient trouver ici avec plaisir la traduction de ce petit poème d’Aristote ; la voici : « vertu ! objet constant des efforts de la race mortelle, et des plus nobles travaux de la vie ! Vierge sacrée ! c’est pour toi, pour ta beauté divine, que les Grecs regardent comme un sort digne d’envie l’occasion de supporter les plus dures fatigues, et de braver même la mort. Le prix glorieux et immortel que tu présentes à leurs cœurs, leur semble préférable aux délices du plus doux sommeil, à tout l’éclat de la naissance, aux plus riches trésors. Pour toi, le fils de Jupiter, Hercule, et les deux jumeaux enfants de Léda, supportèrent des travaux sans nombre, poursuivant ta faveur, qui devait être la récompense de leurs exploits. C’est pour la mériter, qu’Achille et Ajax descendirent dans la sombre demeure de Pluton.