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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/136

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Or, nous entendons par vertu purement humaine, non celle du corps, mais celle de l’âme, et nous disons que le bonheur consiste dans l’activité de l’âme. D’après cela, il est évident que la science générale de l’âme doit, jusqu’à un certain point, être connue de celui qui désire être habile dans la politique ; comme la connaissance des yeux, ou de tout le corps, doit être familière à celui qui voudrait guérir les maladies des yeux, ou de tout le corps[1] : et cela d’autant plus, que la politique est une science plus noble et plus importante que la médecine. Et comme les médecins distingués s’occupent essentiellement d’acquérir la connaissance générale du corps, il faut donc que le politique habile ait fait une étude particulière de l’âme. Voilà pourquoi nous devons entrer dans quelques considérations sur ce sujet, et seulement autant que cela est nécessaire à l’objet de nos recherches ; car une science plus approfondie en ce genre exigerait peut-être plus d’application que n’en comporte le but qu’on se propose. Au reste, il suffira de voir ce que j’en dis dans quelques parties de mes livres exotériques[2], dont

  1. Platon, dans le Charmides (p. 156), se sert de la même comparaison, dans un sens un peu différent, et prétend prouver qu’il y a une telle connexion entre toutes les parties de l’organisation, qu’on ne saurait guérir les yeux, sans soumettre le corps tout entier à un régime particulier. D’où il conclut qu’on ne saurait même guérir le corps, sans s’occuper aussi du régime de l’âme.
  2. Nom qu’Aristote a donné à ceux de ses ouvrages, ou