Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/147

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que c’est que la raison, et quel rapport elle a avec les autres vertus ou facultés. Mais on nous accordera sans doute que ce sujet, des actions humaines, ne peut être traité que d’une manière un peu générale, et qu’il ne comporte pas une exactitude rigoureuse ; parce que, comme nous l’avons expliqué au commencement de cet ouvrage[1], la nature ou l’espèce des raisonnements dépend de celle du sujet qu’on traite. Or, il en est de nos actions et de nos intérêts comme des choses relatives à la santé ; elles n’ont rien d’immuable ou d’absolu ; et si telle est la nature de ce sujet, en général, le détail des actions particulières sera encore moins susceptible d’une démonstration rigoureuse, puisqu’on ne saurait ni les réduire en art, ni les soumettre à aucune règle précise. C’est à celui qui pratique d’observer sans cesse ce qu’exigent les circonstances, comme on le fait aussi dans la médecine et dans la navigation. Cependant, quel que soit l’inconvénient attaché à la nature du sujet qui nous occupe, nous devons au moins tâcher d’y porter remède.

Premièrement il faut observer que l’excès et le défaut peuvent naturellement avoir sur les actions une influence très-nuisible[2], comme on le remarque dans ce qui tient à la force et à la santé (car, dans les choses qui ne se manifestent pas par

  1. l. :i, c. 3.
  2. Voy. M. M. l. i, c. 5 ; Eudem. l. 2, c. 3.