Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

elles-mêmes, on doit recourir aux indices évidents) ; ainsi, des exercices trop violents détruisent la force, aussi bien que le manque d’exercice ; et de même, les aliments et les boissons, en trop grande ou en trop petite quantité, ne sont pas moins nuisibles, à la santé ; pris avec modération, ils la produisent, l’entretiennent et la fortifient.

Or, il en est de même de la tempérance, du courage et des autres vertus. Celui qui fuit et craint tout, qui n’a de fermeté contre aucun péril, devient lâche ; comme celui qui ne craint absolument rien, et qui se précipite dans tous les dangers, devient téméraire. Pareillement, s’abandonner à toutes les jouissances des sens, et ne s’abstenir d’aucune, c’est le moyen de devenir débauché ; et fuir tous les plaisirs, par l’effet d’une sauvage rudesse, c’est courir le risque d’étouffer en soi toute sensibilité. Car l’excès et le défaut sont contraires à la tempérance, aussi bien qu’au véritable courage : l’une et l’autre ne se conservent qu’en observant un certain milieu.

Au reste, les vertus sont produites, fortifiées, ou détruites par les actes eux-mêmes et sous leur influence ; mais ce sont eux aussi qui constituent (en quelque sorte) l’essence de nos facultés d’agir[1], puisque l’effet est le même dans d’autres choses plus évidentes ou plus sensibles, comme

  1. Voy. la même doctrine exposée avec un peu plus d’étendue (Eudem. l. 2, c. 1, extr.).