Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/190

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et les événements qui dépendent entièrement du hasard, comme la découverte d’un trésor. Il n’est pas même toujours possible de délibérer sur les affaires humaines : par exemple, un Lacédémonien ne délibère pas sur la meilleure forme de gouvernement à donner aux Scythes : car nous ne pouvons rien faire à cela ; mais nous délibérons sur toutes les choses qu’il est en notre pouvoir de faire ; voilà tout ce qui demeure soumis à notre libre arbitre. La nature, la fortune et la nécessité, sont des causes généralement reconnues, mais auxquelles il faut joindre aussi l’intelligence et le pouvoir de l’homme.

Tout homme délibère donc sur les choses qu’il est en son pouvoir de faire ; cependant il n’y a pas lieu de délibérer sur les sciences qui sont portées jusqu’à un certain degré d’exactitude et de perfection. Ainsi, à l’égard de la connaissance des lettres, on n’est guère d’avis différents sur la manière d’écrire un nom[1], mais on délibère sur les choses que les hommes peuvent faire, et qu’ils ne font pas toujours de la même manière. Par exemple, on délibère sur la médecine, sur les finances, sur la navigation, plutôt que sur la gymnastique, parce que les premiers de ces arts ont des règles moins

  1. « Personne n’est en doute sur la manière dont il faut écrire le nom d’Archiclès ; et par conséquent s’il y a quelque erreur en ce cas, elle ne saurait venir de l’intelligence, mais de l’exécution dans la formation des lettres. » (M. M. l. i, c. 18.)