Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/203

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ladie, ni, en général, tous les maux qui ne procèdent point du vice, ou dont on n’est point soi-même la cause ; mais celui qui ne s’en laisse pas effrayer, n’est pas pour cela un homme courageux, bien qu’on lui applique quelquefois ce nom par analogie. Car il se trouve des gens qui sont généreux, et capables de supporter avec beaucoup de fermeté la perte de leur fortune, quoique timides d’ailleurs, et craintifs dans les dangers de la guerre. Si donc un homme craint les outrages auxquels seraient exposés sa femme et ses enfants, s’il redoute l’envie, ou quelque chose de ce genre, ce n’est point un lâche ; pas plus que ce ne sera un homme courageux, s’il montre une impassible fermeté en se voyant sur le point d’être battu de verges.

Quels sont donc les dangers à l’égard desquels on peut être appelé véritablement courageux ? Sont-ce les plus grands ? Personne, en effet, n’est plus inébranlable dans les périls que l’homme de courage. La mort est assurément ce qu’il y a de plus terrible, puisqu’elle est la fin de tout, et qu’il n’y a plus rien qui puisse paraître bon ou mauvais à celui qui a perdu la vie ; cependant il semble que l’homme courageux ne soit pas celui qui brave tous les genres de mort : par exemple, dans un naufrage ou dans une maladie. Dans quelles occasions doit-il donc braver la mort ? est-ce dans les plus éclatantes, comme celles qui se rencontrent à la guerre ? C’est là, en effet, que sont les plus grands périls, et les plus glorieux. Les honneurs que prodiguent en pareil cas les républiques et les monarques, confirment cette pensée. On