Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/217

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rance. Essayons donc de marquer ici quels ils sont : et d’abord distinguons les plaisirs du corps de ceux de l’âme ; tels sont, par exemple, l’amour des honneurs et celui de l’instruction, car on peut trouver du plaisir dans l’une et l’autre de ces choses, quand on les aime, mais ce n’est point le corps, c’est plutôt l’intelligence qui en reçoit les impressions ; et ceux qui éprouvent des plaisirs en ce genre, ne sont appelés ni tempérants ni intempérants. Il en est de même de tous les plaisirs qui ne sont point corporels : car on appellera frivoles ou babillards les hommes qui aiment passionnément les récits fabuleux, ou qui perdent leur temps à toutes sortes d’inutilités ; mais on ne leur donnera pas le nom d’intempérants, pas plus qu’à ceux qui s’affligent profondément d’une perte d’argent, ou de la mort de leurs amis.

La tempérance paraîtrait donc se rapporter aux plaisirs du corps, mais non pas à tous, même en ce genre. Car ceux qui prennent plaisir aux objets de la vue, comme les couleurs, les figures, et les tableaux, ne sont appelés ni tempérants, ni intempérants ; quoique d’ailleurs il semble qu’en ce genre on puisse aussi avoir du plaisir dans la mesure convenable, et pour les choses qui le méritent, et dans un degré ou excessif, ou trop faible. Il en faut dire autant des objets de l’ouïe, car on ne donne pas le nom d’intempérants à ceux qui aiment à l’excès la musique ou les représentations dramatiques, pas plus qu’on ne nomme tempérants ceux qui ne les aiment qu’avec modération. Il en